mercredi 20 novembre 2013

Inside Llewyn Davis VS Cartel

 Deux films de chocs au sommet, trois réalisateurs différents et pourtant un duel qui s’annonce prometteur. 

   Commençons par les Frères Cohen. Leur nouveau film est un véritable bijou, un biopic sur la vie méconnue de Dave Van Ronk, guitariste et chanteur de blues et de folk américain des années 60.


Il vit à Greenwich Village et ne quittera son quartier qu’à de rares reprises, refusant de sortir de New York.   Nous suivons donc notre personnage, brillamment interprété par Oscar Isaac (vu notamment dans Drive, l’époustouflant et controversé film de Nicolas Winding Refn), dans les rues de New York, à la recherche d’un nouveau contrat ou d’un logement pour passer la nuit. Car c’est bien une vie de bohême et de vagabond qui est celle de Llewyn Davis. Il se heurte aux rouages de l’impitoyable industrie du disque, aux problèmes du quotidien. 


Ce film c’est celui de la survie d’un artiste dans un monde qui ne veut pas de lui, qui rejette sa musique. Face à cela, la réussite de ses amis et le bonheur qui semble être ceux de ses amis ne rend sa situation que plus pathétique.  

Pour ceux qui aurait perdu le fil, un bref synopsis : Une ruelle,derrière le bar Gerde’s Folk City, Llewyn Davis se fait tabassé par un homme. Voici la scène qui ouvre ce film dont la construction semble dépourvue de toute logique. Nous voyageons  et suivons le héros dans ses tours et détours, comme perdu dans ce cauchemar dont il ne parvient pas à sortir ou du moins… Une plongée dans l’univers de l’Amérique des années 50-60, entre accords de guitare et mélodie folk, la promesse d’un bon moment. Si vous avez eu le plaisir de voir Sugar Man, retraçant la vie de Rodriguez, guitariste de talent oublié de tous, alors ce seizième film des Cohen est pour vous. Il s’inscrit dans la lignée de Serious Man, leur avant-dernier film qui se voulait inquiétant et lancinant, un chef –d’œuvre dissimulé sous une histoire aux apparences trompeuses. 

3 bonnes raisons d’aller voir ce film :
- Vous découvrirez le destin d’artistes méconnus e l’Amérique des années 50, dont la vie oscille entre survie et rêve de gloire. 
- Une bande originale signée du producteur génial T Bone Burnett, collaborant pour la quatrième fois avec les Frères Cohen. Je recommande tout particulièrement les deux titres suivants, à la fois légers par leur mélodie mais d’une profondeur grave dans leurs paroles : Hang me, Oh Hang me de Dave Van Ronk et Fare Tree Well d’Osar Isaac et Marcus Mumford. 
- Vous pourrez apprécier les performances vocales d’Oscar Isaac et Justin Timberlake, dont le timbre de voix s’accorde parfaitement à la musique folk. Vous aimez également la performance éblouissante de Carey Mulligan (également vu dans Drive), qui par son interprétation nous offre de grands moments de rires et de larmes. Mais vous retrouverez aussi Garett Hedlund (vu dans Sur la route de Walter Salle, une adaptation fidèle du livre de Jack Kerouac), dans un rôle secondaire mais qui n’est pas sans rappeler celui qu’il joue dans le film de salles.


   Et maintenant voici venir le très attendu film de Ridley Scot, le réalisateur à succès dont le nom n’est plus à faire.  Cartel, traduit de l’anglais The Counselor, est le film choc de l’année. Nous plongeons dans le monde corrompu et gangrené du trafic de drogue. C’est la descente aux enfers d’un avocat pénal, attiré par l’excitation, le danger et l’argent facile. Mais il découvre très vite qu’une décision prise sur un coup de tête peut avoir de lourdes conséquences, parfois mêmes fatales. Incisif, effrayant et dérangeant, tels sont les trois adjectifs qui pourraient qualifier ce film. Le long-métrage est en quelque sorte un prisme des 7 péchés capitaux, incarnés dans les différents interprètes qui cristallisent ces vices et les portent à leur paroxysme. Il faut noter et plébisciter l’interprétation d’une Cameron Diaz, méconnaissable. Crâne rasé à la Rihanna, couleur blonde platine et noire à la Cruella, maquillage et parure outrageants, attitude provocante, tous les éléments sont réunis pour en faire un personnage à la fois attirant et repoussant, désirable et détestable. 


A ses côtes, Michal Fassbender, porté au sommet grâce à ses inoubliables interprétations dans Shame et Hunger de Steve McQueen ou encore Prometheus de Ridley Scott. Il retrouve donc le réalisateur dans une nouvelle collaboration. Mais cette fois-ci il n’a pas un rôle à sa mesure. Malgré un jeu bouleversant, il ne parvient pas à transpercer l’écran et nous propose donc un jeu moyen, bien loin de ce à quoi il nous avait habitué jusqu’alors. Suivent Brad Pitt et Penelope Cruz, qui sont quant à eux cantonnés dans des rôles mineurs, spectateurs plus qu’acteurs de ce drame. Enfin, mention spéciale à Javier Barden, dont la transformation physique le rend quasiment reconnaissable. Bronzé, affublé d’une coiffure électrique et accessoirisé de bijoux et vêtements colorés et bariolés, il assiste impuissant à la descente aux enfers de son ami, qu’il nomme si respectueusement le Maître (Michael Fassbender). Ce Maître qui vivait une existence réglée, qui avait une femme (Penelope Cruz) et un travail stable, glisse peu à peu vers les abimes. 


  Sous l’emprise de la luxure, de l’orgueil et de l’envie, il se laisse aller aux tentations et s’embarque alors dans une galère dont l’itinéraire sera rythmé par des tempêtes et de nombreux périls. Amateurs de films à rebondissement, hâtez-vous ! Mais attention, âmes sensibles d’abstenir. Ce film est à mon avis le plus violent et le plus perturbant de la série Ridley Scott. 

Après ce duel, je ne peux trancher entre les deux films. Ils sont différents et ne peuvent pas être vraiment comparé. L’un se destine plutôt aux amateurs de bonne musique tandis que l’autre sera réservé aux amateurs de sensations fortes. Mais si vous avez la possibilité de les voir tous les deux, allez-y. Vous ne serez pas déçu.

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