jeudi 16 octobre 2014

Mommy

HYPERPRODUCTIVITE.

  Véritable touche à tout, Dolan nous livre une fresque sociale sur l’identité et les relations de filiation. Qu’il soit devant ou derrière la caméra, ce jeune prodige surprend toujours autant par la richesse de sa réalisation et la finesse du discours sous-jacent. 

  Pour son cinquième film et alors qu’il a soufflé ses 25 bougies en mars dernier, le public et la critique sont au rendez-vous pour rencontrer Mommy
Explorant sous un nouvel angle la thématique de la figure féminine, Dolan fait ici un focus sur la mère dans toutes ses complexités et variations. A la fois femme, amante ou protectrice, elle est filmée sous le prisme d’un réalisme débarrassé de toute supériorité. Face à l’existence simple de cette famille déchirée, aucun misérabilisme n’est admis. Le spectateur est le voyeur détaché d’une situation dont il ne peut se défaire. 


   Canada, 2015. Diane Desprès, dit « Die » reçoit un appel du centre d’éducation : son fils a commis l’ultime délit. Adolescent diagnostiqué TDAH, impulsif et violent, Steve a écumé toutes les structures d’accueil sans succès. Ce nouveau départ est sa dernière chance. A travers les épreuves du quotidien rythmé par les crises, emportements et problèmes financiers, cette mère et son enfant font tenter de joindre les deux bouts. Ce duo va bientôt devenir trio avec l’aide aussi inattendue que providentielle de Kyla. Personnage énigmatique et sympathique, elle va apaiser cette famille dans la tourmente. Un lien se crée… Equilibre, espoir et « rédemption » : tout est possible… 


   Les petits plus qui donnent envie de Voir ou de Revoir ce film. Sans entrer dans des considérations trop techniques, je voulais souligner des éléments qui m’ont marqués et qui le feront peut-être (et je l’espère) avec vous.
 Le cadrage rapproché permet d’isoler le sujet. Cette technique est ici la matérialisation d’un étau qui entoure les protagonistes. Présent ou parfois absent, cet élément visuel constitue à lui seul un actant du film. Se déployant ou se resserrant le cadre participe de la tension et de l’attention du spectateur. 
  Ajoutons à cela la bande-son qui est juste sublime. Les mélodies douces alternent avec rythmes endiablés et pop. Oasis, Dido, Céline Dion, Counting Crows ou encore Eiffel 65, une sélection de haute volée. 


   La performance des actrices est aussi spectaculaire. Qu’il s’agisse d’Anne Dorval campant le rôle de la mère ou de Suzanne Clément, bouleversante en tant qu’enseignante. Déjà vu dans les deux premières réalisations de Dolan, elles offrent encore une fois, l’étendue de leur palette scénique pour le plus grand bonheur du public. 
  Et pour finir, le mot ou plutôt la phrase sera « Les sceptiques seront confondus ». Maxime qui résonne, leitmotiv, leçon de vie, tant de qualificatifs qui donnent au film sa matière, son épaisseur sensitive, sa portée universelle.


       Mommy de Xavier Dolan, sorti en salles depuis le 8 Octobre 2014.  
Film récompensé au Festival de Cannes 2014, Prix du Jury.

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