samedi 22 février 2014

Only Lovers Left Alive

   Fraîchement vampirisée par les buveurs de sang millénaires de ce nouveau film de Jim Jarmusch, je suis donc totalement dévouée à la promotion de ce nouveau long-métrage d’un réalisateur qui a notamment signé des chefs-d’œuvre tels que Broken Flowers, primé à Cannes en 2005 ou encore Ghost Dog : La Voie du Samouraï en 2003. 
  Mais cette fois nous plongeons dans le monde obscur et mêlé d’une passion brulante qui voit deux amants, incarnations du premier couple humain, évoluer dans sur une terre où fourmille des « zombies ». Rassurez-vous, pas de goules et d’éviscération à l’horizon. Les zombies ce sont les hommes, ces être lents auxquels nos deux protagonistes, fantomatiques et attachants, ne prêtent pas attention plus qu’il n’est nécessaire. Vous allez me dire : encore un énième film sur les vampires. Je vous répondrez : Non. Bien que cette thématique structure le récit, il s’agit plus de la survie d’une espèce minoritaire, vouée à l’extinction, qui est ici traitée. En fond, une histoire d’amour complexe et une relation fusionnelle qui reste immuable à travers les âges et par-delà les étendues abyssales. 


  Aux origines du monde, voici la genèse de ce couple, un synopsis pour éclairer les spectateurs qui demeurent dans les brumes. Détroit-Tanger, deux villes diamétralement opposées, aux cultures riches mais unies par un même sentiment : le romantisme. 


  Dans la Rock City, Adam, musicien underground subsiste, retiré du tumulte de la ville, dans une masure. Il ne vit que pour la musique et par elle il exprime tout le désespoir et le pessimisme qui le rongent depuis des siècles. Qu’est devenue cette humanité florissante, aujourd’hui sur les chemins de la perdition ? A cet artiste, écorché vif, s’oppose la mystérieuse et active Eve. Cette femme vit à Tanger, avec pour seul compagnie ses nombreux livres dans lesquelles elle trouve un réconfort certain. Privée de son amant, elle voit les jours passer et la nuit venue arpente les rues désertées de la Perle du détroit, cherchant le précieux remède. Mais un jour, le destin réuni les deux amants distants. L’arrivée d’Ava, la petite sœur d’Eve, une jeune fille déjantée et à la soif incontrôlée, va précipiter notre couple dans la déchéance et les confronter à la réalité. Le compte à rebours est lancé. Quel sursit peut-il encore leur être accordé ? Combien de temps survivront-ils encore dans cette société avilie et corrompue ? Quel sera leur avenir ?


  San(g) transition et après ce bref shoot synthétique, soulignons la performance d’acteurs qui constitue un casting de choc. Tout d’abord Tim Hiddleston qui crève l’écran de ses crocs acérés. Précédemment vu dans les blocs-busters de super-héros tels que Avengers ou encore Thor, il est ici méconnaissable et incarne avec brio la figure d’un Adam mélancolique et profondément pessimiste. Les rythmes psychédéliques de ses compositions traduisent toute la confusion dans laquelle il se trouve plongé malgré lui. Héros d’hier, il n’est aujourd’hui qu’un spectre animé par le seul appel de la faim. Quoi de mieux pour parer à cette monotonie que d’allier la force tranquille à l’énergie foisonnante. J’ai nommé Tilda Swinton, inoubliable pour sa performance dans Moonrise Kingdom de Wes Anderson qu’elle retrouvera d’ailleurs pour signer un nouveau film du réalisateur, The Grand Budapest Hotel
Enfin, pour compléter ce casting électrisant et vampirique à souhait, j’appelle Mia Wasikowska, dans le rôle de la sœur excentrique et survoltée qui fait du quotidien monotone et routinier de notre couple atypique un véritable enfer. Mais c’était sans compter sur la voix de la sagesse, l’incarnation du savoir et l’image de l’ami fidèle interprété par John Hurt. 
  
 Dans ce délitement et ce chaos qui s’installe il tempère les esprits, rappelant les âmes égarées à l’ordre tout en apportant une touche d’originalité. Et oui l’ombre de la tragédie, sous l’ère élisabéthaine, plane sur le film. 



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